"Je suis ou j’agis ?" Changer ses comportements inconscients en repensant notre manière de nous définir.
- Emma Redon
- 19 août
- 6 min de lecture

Beaucoup de personnes viennent en séance en disant : « Je suis anxieux », « Je suis hypersensible », « Je suis boulimique », « J'ai une blessure d'abandon », Ces expressions traduisent une confusion entre notre identité profonde et nos réactions ou nos stratégies d’adaptation. Et si le simple fait de dire « je suis » figeait notre perception de nous-mêmes et empêchait le changement ? Dans cet article, je vous invite à explorer une distinction essentielle pour évoluer : celle entre le structurel et le comportemental. Une prise de conscience puissante, libératrice… et souvent bouleversante.
Décryptons ensemble pour trouver vos solutions...
1. Quand le comportement devient une étiquette identitaire
Nous avons tous tendance à étiqueter nos ressentis ou nos réactions : « Je suis stressée », « Je suis dépendant affectif », « Je suis colérique ».
Ces phrases paraissent anodines, mais elles ont un poids immense. En collant ces mots à notre identité, nous fossilisons une partie de nous-même dans un rôle, dans un “je suis” qui limite notre potentiel de transformation naturelle.
Or l’anxiété, la colère, la tristesse, la compulsion ne sont pas des identités. Ce sont des signaux, des stratégies ou des états transitoires.
Ce que je vis n’est pas ce que je suis. Il y a là une erreur cognitive d’étiquetage, bien connue en psychologie.
🔬 Albert Ellis, père de la thérapie rationnelle-émotive (RET), appelait cela la sur-identification à l’émotion ou au comportement : en disant « je suis nul » ou « je suis colérique », on fige une expérience passagère en croyance identitaire.
“Ce que vous ressentez ou faites n’est pas ce que vous êtes. C’est une réponse, pas une identité.” — Albert Ellis
2. Différencier le Structurel du comportemental : remettre chaque chose à sa juste place.
Il est fondamental de faire la différence entre :
Le structurel : ce qui nous constitue profondément, nos fondations, notre tempérament naturel, les traits de personnalité (ex : introversion/extraversion selon le modèle Big Five). C’est stable, durable, mais non figé.
Le comportemental : ce sont les manières de réagir que nous avons développées pour nous adapter à notre environnement, souvent dès l’enfance. Ce qui a été appris, façonné par l’environnement, l’éducation, les expériences vécues. Ce sont des apprentissages, parfois très anciens, qui peuvent évoluer.
📚 En psychologie cognitive et comportementale (TCC), on parle de schémas appris : des manières de penser, ressentir et agir qui se sont consolidées dans le temps. Ces schémas sont souvent issus de notre histoire d’attachement, et peuvent être modifiés avec de nouveaux apprentissages.
Prenons un exemple : Une personne qui dit « je suis dépendant affectif » exprime en réalité une stratégie de lien, souvent mise en place pour éviter l’abandon ou chercher à exister aux yeux de l’autre. Mais cette stratégie n’est ni définitive, ni une fatalité. Elle est comportementale, donc transformable.
3. Le cerveau apprend par la répétition comme le prouve les neurosciences, pour ainsi changer ses comportements inconscients
🧠 Les neurosciences ont démontré que la répétition crée des circuits neuronaux de plus en plus efficaces. Ce phénomène s’appelle la potentialisation à long terme (Long-Term Potentiation - LTP), mis en évidence dès les années 1970.
Plus on répète une pensée ou un comportement, plus le circuit devient automatique et inconscient. C’est ainsi que des stratégies ponctuelles deviennent des habitudes… puis des identités que l’on garde, voire même que l’on transmet par mimétisme.
Et lorsqu’on répète pendant des années :
« Je suis stressé »
« Je suis hypersensible »
« Je suis incapable » …notre système nerveux l’intègre comme une vérité. Même si ce n’est qu’une partie de nous, dans certains contextes, il finit par s’enraciner comme une identité.
On ne devient pas « stressé » par nature, on devient habitué à stresser dans certaines situations. Et à force de répéter ces schémas, l’inconscient les prend pour une vérité immuable.
C’est ainsi que naît la boucle du conditionnement :
🧠 Une pensée → un ressenti → un comportement → une confirmation → une croyance → et on recommence.
Sortir de cette boucle, c’est commencer par regarder ces comportements non plus comme ce que nous sommes, mais comme ce que nous faisons. Et si nous l’avons appris… nous pouvons aussi désapprendre, et apprendre autrement.
En d’autres termes : plus vous vous dites que vous êtes stressé(e), plus le cerveau l’intègre comme une norme.
4. Le langage façonne notre perception de soi
🗣️ Des études en linguistique cognitive (notamment celles de George Lakoff et Mark Johnson) ont montré que le langage structure notre pensée. Dire « je suis » implique une identité fixe. Dire « j’ai tendance à » ou « il m’arrive de » permet de rester souple, évolutif.
Nous comprenons ainsi la puissance de la désidentification dans l’accompagnement
Quand une personne commence à dire :
« J’ai tendance à… »
« Je remarque que je réagis souvent ainsi »
« Je vis en ce moment une sensation de… » …elle ouvre un espace de conscience. Elle se décolle de l’étiquette. Elle redevient acteur ou actrice de son vécu, au lieu d’être défini(e) par lui.
Dans l’accompagnement, ce changement est fondamental. Il permet :
De sortir de la culpabilité
De reprendre son pouvoir personnel
De recontacter la souplesse intérieure
Et surtout… d’enclencher un vrai processus de transformation durable
Une étude de 2013 publiée dans Psychological Science a montré que les enfants à qui l'on dit "tu es un aideur" plutôt que "tu aides bien" deviennent plus enclins à adopter ce comportement comme une partie de leur identité. → Inversement, dire "tu es colérique" à un enfant renforce ce trait comme une identité… même si ce n’est qu’un comportement dans certaines circonstances.
5. La plasticité cérébrale : rien n’est figé.
La bonne nouvelle, c’est que le cerveau est plastique toute la vie. On parle de neuroplasticité : la capacité du cerveau à créer, modifier ou supprimer des connexions neuronales selon l’expérience vécue.
👉 De nombreuses études, comme celles de Norman Doidge ou Richard Davidson, montrent qu’en modifiant nos habitudes de pensée, notre langage et nos comportements, nous pouvons transformer nos circuits cérébraux.
Donc :
✅ Ce qui a été appris peut être désappris
✅ Ce qui a été conditionné peut être reconditionné
✅ Ce qui est comportemental peut être transformé avec douceur et conscience
6.Des pistes concrètes pour commencer à transformer sa manière de se voir.
Voici quelques pistes concrètes :
🗨️ Changer le langage : remplacer « je suis » par « je ressens », « je vis », « j’ai tendance à… » qui nous place dans l’action, l’ouverture, ainsi nous sommes dans le juste.
🔍 Observer les contextes : Ce comportement est-il présent partout, tout le temps ? Non ? Alors ce n’est pas moi, c’est un mécanisme, une réaction.
Ce comportement, à quoi m’a-t-il servi ? Est-ce qu’il est encore adapté à ma vie aujourd’hui ?
🧠 Pratiquer la répétition consciente : chaque jour, renforcer de nouvelles phrases, de nouveaux comportements, de nouveaux récits intérieurs.
En Conclusion : une identité fluide, un cerveau capable de bien plus que ce que vous pensez car vous n’êtes pas vos réactions
Vous n’êtes pas vos réactions. Vous êtes celui ou celle qui peut les observer, les comprendre, les ressentir, les transformer, choisir de les vivre autrement. Vous êtes bien plus vaste que vos comportements, vos émotions ou vos stratégies inconscientes. Votre cerveau est un allié : il apprend par répétition, certes… mais aussi par répétition consciente.
En reprenant le pouvoir sur votre langage, vos schémas, vos habitudes, vous redevenez créateur(trice) de votre identité vivante et évolutive. En redonnant à chaque chose sa juste place, on cesse de se réduire… et on commence à s’ouvrir à ce que l’on peut. Le champ des possibles s'ouvre pour changer ses comportements inconscients et les ancrer.
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